Mr. Nobody Film Streaming

Film du genre , Fantastique, Science fiction, Drame sortis à la date du 2010-01-13 et rélisé par Jaco van Dormael.
Avec : Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger, Linh-Dan Pham, Rhys Ifans

Film labyrinthique et profond, Mr Nobody n'est pas facile d’accès, en raison de sa construction "puzzle", dans laquelle le spectateur doit retrouver lui-même son chemin. L'émotion jaillit pourtant sans que l'on s'y attende, au beau milieu d'un ensemble hétéroclite, de la science-fiction pure au drame familial. Un film casse-neurone, ambitieux, et qui mérite le coup d'oeil.
Un film ambitieux pour une expérience troublante mais inachevée. Mr Nobody témoigne d'une vision du cinéma bien éloignée des standards hollywoodiens et qui mérite qu'on s'y attarde. L'histoire en deux mots (spoiler): Nemo a le don de connaître le futur. Au moment du divorce de ses parents se pose un choix qu'il ne peut résoudre. Il commence alors à voir et anticiper ses différents futurs en fonction des décisions qu’il va prendre et notamment le choix de sa compagne. S’il existe plusieurs Nemo à 9, 16 et 34ans il n’y a plus qu’un à 118. Mais ce Nemo âgé ne mourra pas. En effet juste avant sa mort il a pris sa décision : il n'ira ni vers son père ni vers sa mère. Tout ce qu’il avait imaginé se détruit, ce qui se traduit à l'écran par un effet "reverse". Ca c'est pour la version A. On peut aussi penser que juste avant la mort de Nemo le fameux big crunch se produit et est traduit (à tord) par le réalisateur par une marche à l'envers du temps. Reste que des interrogations demeurent : pourquoi dans sa vie avec Jean Nemo est-il amnésique ? Pourquoi se retrouve t-il parfois dans des univers étranges aux voitures rouges, carreaux rayés et un jeu de piste dédié ? Quel que soit le scénario envisagé on ne retombe pas sur nos pattes mais l'essentiel n'est probablement pas là.
L'idée de base était donc prometteuse mais la dynamique de Mr Nobody se perd rapidement dans la multiplication des intrigues et ce qui peut paraitre de prime abord pour un chassé-croisé ingénieux ne se révèle rapidement qu'un foutoir inarticulé/nébuleux/inexplicable. On peut aussi regretter que tant d'audace s'efface devant un fil conducteur aussi éculé qu'une histoire d'amour bébête. Dommage également que prennent place dans une trame aussi sophistiquée des personnages aussi stéréotypés. Les trois femmes sont des clichés à pattes auxquelles on a affublé une couleur de vêtement unique afin de bien les distinguer. Le projet se heurte aussi aux limites intrinsèques du cinéma face à une trame à si fort potentielle. Sur deux niveaux : d'abord les choix structurants d'une vie ne se résument pas aux seules décisions amoureuses et surtout même en se limitant ainsi Van Dormael parvient à esquisser une dizaine de moments qui bien sûr ne peuvent être traité que superficiellement. Ce qui passe pour certains comme de la générosité (3histoires en une) est compris par d'autres comme de l'artificialité, voir même pire. Largement évoqué dans Mr Nobody on éprouve nous aussi à de nombreuses reprises cette dérangeante sensation de "déjà vu" : Requiem for a dream (intimité du couple, plongée dans les yeux bleus de J. Leto), The Truman show (il y a même un vote maintenant), Forrest Gump (la plume s'est changée en feuille), Benjamin Button (vieillissement inversé), The Butterfly Effect (l'effet papillon). Certains parleront de références, mais d'autres seront plus critiques surtout quand l'apport de l'idée empruntée est discutable (l'étiquette de la lampe de The Game). Si je n'ai pas les connaissances pour juger de l'exposé de physique présenté dans le film (big-bang, théorie des cordes, entropie) je n'ai pas été éclairé ni convaincu. A priori la théorie du Big crunch a été abandonné depuis plus de vingt ans et n'implique pas un "retour arrière" du temps seulement la fin dans un grand trou noir.
S'il a des défauts à la hauteur de ses ambitions vous aurez compris que Mr Nobody a aussi de formidables qualités. Vous pouvez y ajouter une photographie soignée et poétique, la performance des acteurs, Jared Leto en tête, tout comme les choix de la BO qui m'ont bien plu même si Van Dormael se contente de recycler du classique très grand public. Finalement de Mr Nobody je conserverai la morale : toutes les vies valent la peine d'être vécu et il est difficile d'en juger la "qualité". Et si je doute que tout le monde en ai tiré la même conclusion, c’est tant mieux ! Une scène : l'évocation de la dépression (aussi poignante que dans Melancholia) la pose par hélicoptere de cubes d'océan dans le désert ou la mise en abime inversée depuis Nemo dans son lit, sa chambre, sa ville qui se retrouve en carte postale sur la table de la maison de son autre vie.

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